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Les vendeurs ambulants ou l’économie informelle



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Le commerce informel et la contrebande constituent un déficit fiscal en termes de TVA pour la Tunisie. Beaucoup profitent de la situation pour faire fortune. Or, cela fait une perte de 2,6 milliards d’impôts pour le pays et cela affecte aussi les marchés locaux. L’Etat a essayé de freiner ce marché parallèle,mais les moyens utilisés jusqu’à maintenant s’avèrent infructueux. Le point sur la situation actuelle de ce secteur.

 

Commençons d’abord par la levée de confusion sur le terme économie informelle. Les activités dans un pays sont réparties en 3 catégories : le secteur formel ou les activités déclarées, le secteur informel déclaré ou non comme les commerçants, les marchands ambulants, les agriculteurs, les chauffeurs, les plombiers etc, et le secteur illégal qui regroupe la contrebande, les trafiquants de drogue etc.

Le développement du marché parallèle en Tunisie a commencé à la veille de la révolution en 2011. Actuellement, la Tunisie affiche une hausse de l’économie informelle de 30 % à 54 % du PIB. Les activités qui échappent au contrôle de l’Etat regroupent entre autres les vendeurs ambulants, le commerce transfrontalier, les micro-entreprises informelles (réparation de téléphone...), le télétravail et les nouvelles techniques de communication et d’information ou encore les importations non taxées des étrangers résidents dans le pays. Les petits métiers non enregistrés en Tunisie font 25 % du secteur informel. Au niveau du commerce transfrontalier, au moins 25 % des nouveaux véhicules immatriculés sont représentés par ce marché parallèle et la contrebande de tabac représente au moins 35 % du marché. Dû au marasme économique, l’explosion de marchands ambulants informels (tabac, essence, cigarettes…), de logements non déclarés, de vente sans facture etc. devient monnaie courante en Tunisie. 2 millions de Tunisiens sont contraints de se réfugier dans leur petite échelle de production pour lutter contre le chômage et la pauvreté. Soit plus de 31 % des travailleurs non agricole. L’Etat enregistre ainsi une fuite de 2,6 milliards de dinars de taxes et d’impôts. Certes, le gouvernement peut décréter une loi qui sanctionne la fraude fiscale en une peine de prison, mais on sait que certains membres de l’Assemblée de représentants du peuple ont aussi financé des parties politiques pour se protéger contre les sanctions pénales. Ce qui a pour effet de laisser libre cours à la hausse des réseaux informels dans les grandes villes et à partir des frontières.

85 % des petites et moyennes entreprises subissent l’impact de la concurrence de l’économie informelle car plus de 77 % des Tunisiens achètent des produits du marché parallèle. Celui-ci sévit notamment dans les commerces, les dépôts, les points de vente, et les lieux d’habitation. Ces marchands ambulants déversent leurs produits chinois, turcs… dans les espaces réservées des grandes villes sans que le gouvernement puisse appliquer la loi (amende jusqu’à 1500 dinars et saisie des marchandises). Cette prolifération met à mal les commerces légaux qui ne parviennent pas à écouler leur marchandises car les produits vendus par le commerce illégal sont moins chers et la plupart des contrefaçons.

Toutes les marchandises qui ont une valeur significative et qui sont recherchées par les consommateurs peuvent être trouvés auprès de ces fournisseurs.Or, les commerces légaux paient des charges. Ils paient le loyer de boutiques et de commerces ainsi que les impôts.Ces dépenses ne leur permettent pas de rivaliser avec les marchands ambulants dans le prix des marchandises. Tôt ou tard, cette concurrence déloyale impacte sur leurs propres bénéfices car le marché informel connaît un bénéfice conséquent. En guise d’info, les vendeurs de cigarettes informelles peuvent engranger des millions de bénéfices via ce filon. Et la contrebande est aussi une activité rentable qui n’apporte pas de recettes pour l’Etat. De plus, les marchandises exploitées par les contrebandiers sont quelquefois des produits bénéficiant de subventions de l’étranger. Le problème c’est que certains commerçants dépendent également de ces marchandises illégales pour leur approvisionnement. Il est donc difficile d’évaluer l’impact des pertes réellement subies par les commerces légaux.

Comme on l’a déjà dit, presque la majorité des tunisiens se fournissent auprès de ces marchés illicites. Ce ne sont pas seulement l’essence et le tabac qui s’achètent auprès des vendeurs, les vêtements, les jouets, les produits alimentaires, les pièces détachées des véhicules peuvent être aussi écoulés d’une façon illicite sans payer d’impôt ou de taxe. Et rien d’étonnant si certaines entreprises préfèrent se tourner vers ces marchands ambulants car ces derniers proposent des marchandises à prix plus abordables. Or, cela diminue les chances de prospérer pour les commerces légaux à cause de la concurrence déloyale.

La problématique qui se pose c’est que ce marché parallèle offre des emplois qui ne sont pas justifiés aux yeux de l’Etat et qui ne sont pas déclarés. D’un côté cela rend difficile l’application de sanctions ou la pression fiscale car l’Etat ne parvient pas à créer des emplois pour ces personnes. D’autre part, la dépréciation du dinar pousse les ménages tunisiens qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts à recourir à ce système D.

La classe moyenne quant à eux, se lancent dans l’investissement informel de commerce comme l’ouverture non déclarée d’une gargote, d’un cyber etc. Ce qui leur permet de faire face à l’inflation et de mener une vie plus agréable.Ce secteur offre aussi plus de 14000 emplois directs dans le territoire du pays. Sans compter ceux qui font de contrebande entre la Lybie et la Tunisie.

Pour le marché de l’emploi, cela permet de réduire le taux de chômage exorbitant de 15 % du pays, même si celui-ci reste toujours stationnaire. De plus, le nombre des Tunisiens qui vont se lancer dans ce commerce illégal pourrait augmenter si cette inflation continue son cours. L’Etat a pris les mesures évoquées comme la sanction et la confiscation des marchandises, mais ces mesures ne sont pas appliquées. Il faut dire que ces vendeurs ambulants gagnent aussi du terrain après le soulèvement populaire suite au suicide de l’un de leurs. Depuis le déclenchement de cet évènement, les travailleurs dans le secteur informel sont intouchables car il s’agit de leur gagne-pain. Or, ce phénomène appauvrit l’Etat et réduit leurs ressources.

Par ailleurs, l’Etat a essayé la mise en place de mesures anticorruption pour lutter contre leur prolifération. Il a essayé de réduire les transactions en espèces mais le glissement du dinar ne fait que pousser les tunisiens à se lancer dans cette voie informelle. En général, les personnes qui exercent dans ce commerce illégal ont un faible capital financier. Ils ont besoin de se débrouiller pour survivre. Le développement de ce secteur n’est donc pas dû uniquement à l’absence de mesures sécuritaires de l’Etat mais également aux conjonctures socio-économiques du pays.

Bref, le gouvernement a encore plusieurs dossiers à gérer avant cet important marché parallèle qui s’exerce dans les grandes villes tunisiennes. Il préfère laisser cette situation de fuite fiscale continuer d’autant plus qu’il n’arrive pas encore à solutionner le problème du chômage dans le pays. En outre, certains opérateurs économiques sont aussi concernés par cette fuite fiscale et exonération de taxes douanières.

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