Retour

Le pouvoir d’achat en Tunisie



Actualités et conseils RH

Blog > Infos économiques > Le pouvoir d’achat en Tunisie

La dépréciation du dinar sur le marché du change impacte sur le pouvoir d’achat des Tunisiens, selon l’expert en économie, Ridha Chkondali. Selon ce professionnel, entre 2010 à 2018, la quantité des biens à la consommation et des services qu’un foyer peut acheter affiche un recul de 88 %. Cela est dû entre autres à l’inflation et le glissement important du dinar. Ces crises sociales finissent par affecter le pouvoir d’achat des citoyens et le PIB par habitant. Tour d’horizon.

Selon les données fournies par le CNS, le pouvoir d’achat des Tunisiens a régressé de 4 % environ entre 2011 à 2018 alors qu’il a enregistré une hausse de 20 % entre 2002 à 2011. Et par rapport à l’année 2017, le recul du pouvoir d’achat de 2018 est estimé à 3 % selon le membre du CNS, Mohamed Bessa. Pour parvenir à ces résultats, le CNS a utilisé une méthode basée sur la variation entre le revenu du citoyen et le taux d’inflation. Deux groupes ont mené ce travail. Le premier étudie uniquement les chiffres concernant le pouvoir d’achat tandis que le deuxième groupe recueillit les données concernant le développement de l’activité statistique en Tunisie. Cette deuxième partie de recherche rencontre cependant de difficultés à cause de l’absence de coordination entre les différentes structures concernées par les statistiques et du manque de personnel de l’INS. Les ingénieurs travaillant au sein de cette structure ayant immigré à l’étranger pendant ces dernières années. Il a indiqué aussi que ces résultats sont encore non officiels jusqu’à la validation de ces statistiques par l’INS.

Ridha Chkondali, quant à lui, estime que la baisse du pouvoir d’achat des Tunisiens affiche une chute de 88 % depuis ces dernières années, soit entre 2010 à 2018. Selon lui, cette diminution est causée par la chute du dinar et pour retrouver la capacité d’achat des années 2010, un Tunisien doit obtenir au moins une hausse de salaire de 100 %, soit passer de 760 TND à 1 500 TND. Il a aussi ajouté que les entreprises tunisiennes sont également victimes de cette situation car elles affichent un dédoublement de dettes à cause de la dépréciation de la monnaie nationale.

Le professeur en sciences économiques a ajouté aussi que le déficit social est la première cause de cette baisse du dinar. Pour soutenir ses affirmations, il avancé que le déficit commercial est de 4,8 % du PIB en 2010 contre 12,3 % en 2018 tandis que le déficit courant environne quant à lui 4, 4 % du PIB en 2010 contre 10,2 % en 2018. Il a indiqué aussi que l’inflation est de 3,4 %en 2010 contre 7,5 % en 2018.

Maher Belhaj, l’expert en économie, a quant à lui indiqué l’économie parallèle et le déséquilibre entre l’offre et la demande de du dinar comme cause de cette baisse du pouvoir d’achat. Selon lui, la contrebande, l’évasion de liquidités qui échappent aux banques, la corruption et le terrorisme sont les causes de cette baisse de la capacité d’achat des Tunisiens.

Quoi qu’il en soit, il convient de noter que l’inflation est l’ennemi principal de l’économie tunisienne. Pour l’année 2015, elle atteint 4,1 % contre 7,5 % pour l’année 2018. La hausse des prix concerne les viandes bovines, les viandes ovines, les œufs, les laits et fromages, les légumes secs, le transport, les prix de voitures, les articles d’habillement, les boissons, le prix du logement, les restaurants et les hôtels… Bref, la plupart des produits et services affichent une hausse de prix. Toutefois on anticipe une baisse de l’inflation à 6,7 % en 2019 et 6 % en 2020.

Les principaux facteurs incriminés dans cette hausse de l’inflation sont la forte dépréciation de la monnaie nationale qui entraîne à son tour une augmentation de prix des matières premières. La hausse des charges financières se répercute également sur les prix affichés par les entreprises. L’existence des intermédiaires et des spéculateurs impacte également sur les circuits de distribution des produits. Enfin, la hausse des salaires et la création monétaire contre garantie de BTA affectent aussi la capacité d’achat des citoyens.

Les effets de cette inflation sont visibles sur la baisse du pouvoir d’achat des foyers. Dès lors qu’il y a un déséquilibre entre la hausse du prix sur le marché et l’augmentation de salaire des employés, c’est la compétitivité du pays qui est en jeu. Les ménages n’arrivent plus aussi à épargner et cela affecte également le taux de rendement.

Pour remédier contre cette hausse de l’inflation, les autorités compétentes ont choisi d’agir sur le taux d’intérêt. Si elles les augmentent, les gens choisissent l’épargne au lieu de l’investissement. Ce qui permet de réduire la masse de liquidité en circulation.Ainsi, la Banque centrale a augmenté son taux directeur de 5,75 % en mars 2018 contre 7,75 % en février 2019. Or, cette mesure n’a pas produit l’effet escompté sur la réduction de l’inflation. La Banque centrale de Tunisie doit adopter les mesures adoptées par des pays membres de l’OCDE comme l’amélioration de la productivité et l’encouragement de la production dans les secteurs où il y a une augmentation de prix, la mise à niveau des circuits de distribution, la révision des salaires, la mise en place des stocks de régulation. L’Etat devrait aussi imposer un plafond pour certains produits, augmenter les aides pour les produits de base des ménages à revenus modestes et chercher des moyens permettant de lutter contre les importations sauvages.

La Tunisie poursuit des réformes économiques et de libéralisation depuis plus d’une vingtaine d’années. A partir de 2018, elle s’ouvre à la concurrence mondiale avec son entrée à l’accord de libre-échange conclu avec l’UE en 1995. L’économie de la Tunisie est principalement tournée vers l’agriculture (olives, dattes, agrumes…), les produits miniers comme le phosphate ou les produits énergétiques comme l’hydrocarbure. Son économie est également axée vers le tourisme et les industries manufacturières (textile, agro-alimentaire…). Au cours du forum économique mondial sur l’Afrique en 2007, l’économie Tunisienne est considérée comme la première économie compétitive dans le continent africain, en dépassant l’Afrique du sud. En 2009, le PIB de l’économie de la Tunisie atteint 49 972 milliards de dinars. En 2017, le PIB est de 39, 96 milliards de dollars, le PIB Brut en PPA quant à lui atteint 137,7 milliards de dollars. Ce qui donne un PIB par habitant en PPA de 11 900 dollars. L’agriculture fournit 10,1 % du PIB, l’industrie 26,2 % et les services 63,8 % en 2017.

Pour conclure, le système bancaire reste la majeure préoccupation des autorités tunisiennes car elle impacte sur la capacité concurrentielle des entreprises, sur le taux de l’inflation, la baisse du chômage, l’encouragement de l’internationalisation des entreprises. Elle pourrait aussi attirer les investisseurs étrangers à investir dans le pays. Pour pouvoir lutter contre la dégringolade du pouvoir d’achat et la hausse de l’inflation, il faut mettre en place un système bancaire solide qui exerce un effet visible sur la réduction de l’inflation. D’autres facteurs comme la stabilité macro-économique, le développement des marchés financiers sont aussi à préconiser pour un régime de ciblage pour contrer cette hausse du prix des services et des produits sur le marché.

Ces articles peuvent vous intéresser ...