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Zoom sur le système éducatif tunisien enjeux et défis



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La Tunisie, berceau de plusieurs civilisations a acquis son indépendance il y a plus de 60 ans après des décennies de protectorat français. Comparé aux pays qui l’entourent, le pays affiche une santé économique notable qui se répercute également dans le secteur de l’enseignement, même si ce dernier fait l’objet de plusieurs bouleversements notamment au niveau du système universitaire. Dans cet article, nous avons donc décidé de faire un petit tour d’horizon sur les problématiques et les défis du système éducatif tunisien.

Bilan du système éducatif tunisien

Le gouvernement tunisien a compris l’importance de l’éducation et a consacré le quart de son budget général dans ce domaine. Cette politique adoptée depuis l’indépendance a porté son fruit. Suite à l’obligation d’aller à l’école, depuis ces 5 dernières décennies, on enregistre une hausse de taux de scolarisation dans bon nombre de gouvernorats en Tunisie. A titre d’exemple, à Tozeur, plus de 96 % des jeunes enfants de moins de 14 ans sont scolarisés. Et ce taux de scolarisation est plus ou moins identique dans d’autres gouvernorats. S’il ne peut pas encore atteindre 100 %, c’est parce que dans certains milieux ruraux, la population active n’envoie pas leurs enfants à l’école ou ces derniers quittent le système scolaire avant la classe de sixième. Par ailleurs, le nombre des écoles, établissements universitaires et instituts supérieurs correspondants au deuxième cycle ont connu aussi une hausse. En conséquence, le nombre des nouveaux bacheliers et des nouveaux étudiants admis à l’université ont également augmenté. Les filles représentent plus de la moitié des étudiants et des sortants universitaires, augmentant d’un coup le nombre des chômeurs. La vaste réforme menée sur la rénovation du système d’éducation en 1989 vise à apporter des solutions à ce problème. La loi décrétée à cet effet en 1991 a imposé la durée du système scolaire obligatoire (9 ans au lieu de 6). Le cycle de l’enseignement est alors réparti entre le premier cycle de 6 ans, le second de 3 ans, et le troisième de 4 ans (pour l’enseignement secondaire). Ce programme qui établit un socle de formation jusqu’à l’âge de 16 ans impose l’apprentissage de la langue française au primaire. Puis, cette langue devient une discipline à partir de 3ème année du 1er cycle. Pour booster le niveau d’éducation, la réforme impose aux professeurs du secondaire l’obligation d’avoir un diplôme équivalent à deux années universitaires.  Le bilinguisme est donc au cœur de ce système de l’éducation : l’arabe classique (l’arabe dialectal) et le français. La langue anglaise, quant à elle devient une matière à enseigner partir de la 8e année.

Or, si on fait un petit retour, la quête de l’identité dans les années 70 a entrainé l’arabisation de l’enseignement y compris l’enseignement technique et scientifique. Mais L résultat est catastrophique pour le niveau d’éducation des élèves. En voulant instaurer l’équilibre dans ce milieu, le gouvernement a choisi de réhabiliter le français dans les années 90. Cet aller-retour est  devenu la

 cause principale de la mauvaise expression des étudiants en langue arabe ou en langue française. Un modèle didactique basé sur une politique de réformes approximatives et des maints changements qui a confronté les étudiants à des problèmes de maîtrise de deux langues.  Tout le débat sur le niveau qui baisse est au cœur de ce problème. 

Les enjeux et défis du système d’éducation tunisien

Comme la plupart des pays anciennement colonisés, le modèle de l’éducation dans les écoles et les universités est calqué à celui du colon. Il s’ensuit des difficultés comme des programmes d’enseignement inadaptés, un passage difficile dans l’apprentissage du français. Ce dernier problème est causé par la réduction du nombre d’heures d’enseignement de cette langue dans le second cycle. Tout cela constitue un blocage pour l’accès de certains étudiants dans les filières scientifiques où la langue française est la langue d’information. A cela s’ajoutent les manques d’équipement ou la mauvaise infrastructure des écoles, les problèmes socio-économiques etc.

 Par ailleurs, comme la Tunisie est un pays composé d’une population jeune, le nombre des étudiants accueillis à l’université affiche aussi une croissance notable pendant ces 20 dernières années. Des mesures ont été prises pour faire face à cet afflux. Les établissements supérieurs privés et publics ont ainsi mis en place des sites web pour promouvoir leurs activités. Ces instituts supérieurs bénéficient de l’accès à l’internet grâce au centre du calcul El Khawarizmi . D’autre part, l’ouverture de l’université virtuelle en 2002 et de CNUDST vise à aider les étudiants dans leur recherche scientifique. Néanmoins, l’application de ces mesures n’est pas totalement convaincante car on observe encore de faible débit d’accès à l’internet et de perturbation de réseaux dans certaines universités. A noter qu’il existe plus d’une douzaine universités publiques de taille et une trentaine d’instituts supérieurs répartis dans tout le pays. Or, depuis l’année 2000, la Tunisie est aussi confrontée aux changements majeurs dus à l’entrée dans l’ère du TIC. En tant que pays en développement, il doit fournir alors un effort pour adapter son système éducatif à cette évolution numérique. D’où la réforme de l’enseignement supérieur avec l’instauration du système LMD (licence, master, doctorat). De leur côté, selon une enquête, la majorité des enseignants universitaires, ne voulant pas être sur le « traîne » avec l’utilisation du TIC, recourent souvent aussi à l’internet dans le cadre de leur recherche.

Mais le vrai défi à relever pour le gouvernement, c’est de trouver le moyen de combler le fossé entre le système d’enseignement supérieur tunisien et la conjoncture socioéconomique du pays. Le taux de chômage des sortants universitaires est un sujet qui a fait beaucoup d’encre. En effet, on remarque que plus un sortant universitaire a acquis des diplômes, moins il a la chance de décrocher un emploi correspondant à son profil. Ce problème touche notamment les filières non scientifiques, car les

ingénieurs n’ont pas de grandes difficultés à intégrer le milieu professionnel. Les chiffres du ministère de l’enseignement supérieur ont ainsi montré que près de 10 % des enseignants universitaires sont des contractuels et le nombre des titulaires de doctorats au chômage avoisine 3200 personnes. La valorisation de compétences de doctorants tunisiens fait défaut. Le gouvernement préfère recruter de diplômés en science étrangers. Les filières classiques universitaires résistent mal aussi à la concurrence des filières techniques des écoles d’ingénieurs. D’autre part, il faut reconnaître que si la plupart des sortants universitaires en sciences humaines et sociales sont au chômage, c’est qu’ils préfèrent attendre le recrutement dans le secteur public. Ce choix porté sur le secteur public peut être causé par la recherche d’un avenir professionnel stable. Or, il faut dire que le recrutement dans ce secteur se fait rare. Et la difficulté réside dans l’inadéquation entre l’enseignement ou la formation et l’emploi.  Ceux qui ont une propension à la débrouillardise, quant à eux, préfèrent prendre des formations supplémentaires pour intégrer les sociétés privées, qui à défaut de pouvoir leur offrir un avenir sécurisé, leur propose une opportunité professionnelle plus ou moins stable.

Pour conclure

Au fil des ans après l’indépendance, le gouvernement tunisien a essayé d’améliorer le système éducatif du pays via la scolarisation en masse et la lutte contre l’analphabétisme. Or, le changement constant du statut du français dans l’enseignement rend sa maîtrise difficile pour certains. L’alarmant taux du chômage est aussi un problème à dénouer pour le gouvernement.

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