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La chute du dinar et son impact sur le marché tunisien



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Le dinar continue de dégringoler par rapport aux devises étrangères et notamment à l’euro. Cette dépréciation qui a débuté depuis la révolution de 2010 n’a pas connu un répit. Actuellement, il atteint la barre de 3,2751 pour un euro. Les analystes ont remarqué aussi que le taux moyen du marché a augmenté depuis ces dernières années. Cette conjoncture difficile a un impact non négligeable sur le taux d’inflation, sur les secteurs stratégiques de l’économie tunisienne et sur l’investissement dans le pays en général. Décryptage.

Cet essoufflement du dinar qui a généré une hausse de la facture des importations, une augmentation des dépenses publiques et une diminution des recettes touristiques impacte aussi sur le quotidien d’une famille tunisienne. En effet, les quantités de choses achetées avec 100 dinars dans le panier d’un ménager en 2018 ne sont pas aussi conséquentes que celles qui s’y trouvent il y a dix ans. D’un autre côté, il y a la baisse du pouvoir d’achat et le salaire ne suffit plus pour assumer les dépenses quotidiennes avec la hausse du carburant, l’augmentation du prix des fruits, des légumes, de l’électricité, du transport etc. Autrement dit, pour acquérir un bien, il faut disposer de plus de liquidités à cause de la perte de la valeur de 20 % en 5 mois du dinar. Ces répercussions au quotidien de la glissade de la monnaie nationale vont finir par attirer l’attention des syndicats au sein des entreprises avec les revendications salariales. Quoi qu’il en soit, les plus défavorisés par cette dévaluation sont les petites et moyennes entreprises.

Les causes de cette situation économique difficile sont d’abord nombreuses. Elle est due en partie aux mesures rigoureuses prises par l’Etat comme l’augmentation généralisée de la TVA à partir de cette année, la hausse des droits de douane pour les produits d’importation, la hausse des coûts des salaires des entreprises etc. Du côté de la banque centrale, les économistes estiment qu’elle est en manque de réserves en devises et que si elle ne permet pas cette dévaluation, le pays ne pourrait plus faire face à ses dettes et à ses importations.Pour ne pas sombrer dans le déficit, les petites et moyennes entreprises sont alors contraintes de réajuster leur prix de vente par rapport à l’inflation. Or, le problème se situe au niveau du marché. Celui-ci est limité et il est difficile d’adopter une stratégie de compétitivité-prix en rivalisant avec la concurrence.En ce qui concerne les entreprises dans le secteur du commerce extérieur qui semblent être les plus avantagées avec cette crise, il faut dire qu’elles ne se portent pas mieux car la France, qui est leur premier partenaire, n’est pas aussi épargnée par cette évolution du coût général de la vie.

D’autre part, ce tassement économique fait flamber la facture des produits importés, surtout avec le prix du baril du pétrole qui n’arrête de chuter. Il y a également la baisse de 10 % de la production de céréales et la réduction du volume de la demande des produits tunisiens. Les plus touchées par cette crise sont évidemment les entreprises importateurs des marchandises de luxe (concessionnaire voitures etc), mais aussi les importateurs des médicaments et des produits utiles au quotidien.

De même pour les PME dans le secteur touristique, les épisodes des attentats terroristes en 2015 et en 2015 est loin de donner un coup de fouet au développement de ce secteur. En effet, on enregistre une régression du classement du tourisme tunisien alors qu’auparavant la Tunisie était une destination privilégiée par les Européens. Ces circonstances ont causé aussi une baisse des recettes en devises. Par ailleurs, la production de phosphate du pays a conduit également à la baisse des exportations. Tous ces dysfonctionnements pourraient perturber l’équilibre des petites et moyennes entreprises tunisiennes à long terme.

Les analystes estiment que la chute constante du dinar par rapport à l’euro entraîne non seulement l’inflation mais aussi la hausse du chômage. Le taux de personnes qui ne trouvent pas un emploi frôle 35 % pour les jeunes de moins de 24 ans contre 15,4 % pour la population active.

L’estimation des sans-emplois pour l’année 2017 tourne autour de 628 600 personnes et cette statistique ne diminue pas. 30 % de ce chiffre sont des diplômés universitaires chômeurs, dont 2 tiers sont des femmes, qui n’arrivent pas à trouver un poste répondant à leur qualification. Et ce chiffre va augmenter cette année avec l’arrivée des nouveaux diplômés. Or, on ne retrouve pas un système d’assurance-chômage dans le pays ce qui a fait exploser la fuite des cerveaux en Europe, car non seulement l’Etat est incapable de réaliser ses promesses avec les dizaines de milliers d’emplois à créer, mais il est aussi difficile de subir cette crise si on est sans emploi.

Ce sont notamment les jeunes chercheurs « débrouillards » et les médecins qui voguent vers l’Hexagone et l’Europe. Malgré la hausse du taux de croissance du pays pour cette année, 2,8 contre 1,9 de l’année dernière, le redressement n’encore aucun effet tangible sur le marché de l’emploi. Rien n’est moins sûr que les choses vont s’arranger d’ici peu pour les chômeurs.

Le malheur des uns, le bonheur des autres. En effet, la crise monétaire tunisienne fait non seulement tourner au ralenti l’économie du pays, mais pèse lourd sur le porte-monnaie des ménages tunisiens. Mais cette situation pourrait attirer les investisseurs européens à injecter des liquidités parce que les placements reviennent moins chers en euro. Seulement, les investisseurs étudient plusieurs éléments comme la stabilité politique, la durée de cette crise économique, les secteurs porteurs avant d’investir leur premier euro. Pour le pays, cette opportunité est intéressante car on parle déjà d’une pénurie de devises dans les agences et des services de changes. Or, si le pays a plus de ressources et de réserves en devises, il pourrait ne pas laisser flancher la monnaie locale. Quoi qu’il en soit, le gouvernement a cru bon d’encourager les citoyens à la mise en place des restrictions aux importations pour atténuer le déficit de la balance commerciale. A noter que le déséquilibre entre la demande et l’offre de l’euro ne concerne pas uniquement la Tunisie, mais les pays voisins comme l’Algérie etc.

Dans tous les cas, le gouvernement tunisien n’a que deux choix : choisir une monnaie flottante ou conserver la parité du dinar. Or, ces interventions ne sont pas vraiment utiles s’il y a une hausse des rentes de pétrole et si le secteur touristique reprend son essor. Il s’agit donc d’un cercle vicieux qui requiert une solution efficace pour ne pas pénaliser les entreprises locales et les consommateurs avec cette inflation.

En bref, on parle entre autres de l’amateurisme des dirigeants politiques, de dépenses outrancières de l’Etat, de pression du FMI derrière cette crise monétaire. Pour dénouer cette situation, les analystes préconisent la mise en place d’une politique stricte qui permet de sortir de la crise qui affecte non seulement les consommateurs mais aussi les PME et les chômeurs.

 

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