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Zoom sur le secteur hôtelier en Tunisie



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Le secteur touristique et hôtelier tunisien reprend de couleurs depuis ces deux dernières années après les attentats de 2015. Toutefois, il est encore trop tôt pour dire qu’il arrive à surmonter les difficultés conjoncturelles et structurelles qui empêchent son développement. Outre les problèmes de financement des opérateurs dans ce secteur, le bradage du prix pour attirer les touristes, la qualité du produit et la remise à niveau des hôtels entravent également le lancement dans le tourisme haut de gamme. Le point sur l’état de ce secteur et ses perspectives d’avenir.

Comment se porte le tourisme tunisien ?

Quand on parle de la rentabilité d’un secteur économique, il faut toujours se référer à ses recettes par rapport aux pays voisins ou par rapport aux années précédentes où il affichait de belles performances. Si on prend comme référence la Turquie et le Maroc, pour la saison touristique 2016 à 2017 par exemple, ces deux pays ont affiché un nombre de touristes de 11 millions et de 39 millions et quelque pour la Turquie. De son côté, notre pays enregistre 6 millions de visiteurs pour ladite saison. Et pourtant, le potentiel touristique de la Tunisie est remarquable avec la construction des unités hôtelières de 4 à 5 étoiles et la réhabilitation de certains hôtels 3 étoiles. De plus, depuis ces dernières années, la Tunisie essaie de trouver des mesures permettant de renforcer la sécurité, tout en améliorant les offres de services. Citons par exemple des offres de tourisme saharien, tourisme de santé, écologique etc. Sans oublier la mise en place d’une soixantaine de vols réguliers pour attirer les touristes russes, européens de l’est et asiatiques. L’Open sky n’est pas la formule magique censée résoudre les problèmes liés à la génération de business des hôtels tunisiens. La problématique du secteur hôtelier du pays vient en fait de l’influence des tours operateurs qui fixent les tarifs des services touristiques. Ce qui oblige les hôteliers à brader leur prix afin de ne pas avoir des chambres d’hôtes vides. Or, cela entraîne l’incapacité de recouvrir les dettes bancaires. En outre, les hôtels en Tunisie souffrent de manque de maintenance et d’entretien suite au refus bancaire d’accorder du crédit. Les attentats de 2015 impactent aussi sur la venue des touristes.

En guise d’info, le secteur hôtelier tunisien totalise 850 hôtels qui offrent 400 000 emplois. Ce qui fait vivre plus de 1,6 millions de Tunisiens et dont les recettes en devises peuvent assumer 70 % de la perte de balance commerciale du pays.Quoi qu’il en soit, les recettes du tourisme et de l’hôtelier ont affiché une embellie pour l’année 2018 avec des entrées touristiques de 8 299 000 personnes et quelques. Ce qui entraîne une hausse des recettes touristiques malgré la dépréciation du dinar. 91 % des visiteurs venant d’Europe vont dans les hôtels contre 25 % pour les clients de la région maghrébine.

L’emploi dans l’hôtellerie en Tunisie

Les débouchés abondent dans le secteur hôtelier depuis 2017 où les hôtels commencent à afficher une hausse de clients. Les postes vacants sont souvent les postes de femmes de chambres ou valets de chambre ainsi que le métier de serveur de bar ou portier. Les restaurant-hôtels recrutent également des cuisiniers et des pâtissiers.

Il existe aussi plusieurs centres de formation permettant de décrocher des diplômes nécessaires dans ce secteur. En guise d’exemple, chez l’AFMT, pour ceux qui souhaitent débuter dans le métier pour devenir serveur, réceptionniste, pâtissier, agent d’entretien etc, ils auront à décrocher le CAP (certificat d’aptitude professionnelle) après la dernière année en collège. La formation dure 2 ans et s’ils souhaitent se perfectionner, ils peuvent suivre la formation de brevet de technicien professionnel (BTP).Cet apprentissage dure également deux à trois ans avec un stage d’une durée de deux mois.

Une formation professionnelle pertinente est utile avant de se lancer dans ce métier car la mauvaise qualité de service impacte sur les recettes des hôtels. A cela s’ajoutent une bonne image, et de nombreuses qualités humaines comme le sens du contact, la courtoisie ainsi que le sens du service et le dévouement. Pour tous les personnels de l’hôtel, l’organisation, l’ouverture, la solidarité et la rigueur sont aussi indispensables.

Concernant les détails à reprendre dans les hôtels tunisiens, certains clients se plaignent de la mauvaise qualité des linges d’hôtels à Hammamet et Sousse. Ces détails sont dus au manque de formation du personnel du secteur de la buanderie et du nettoyage à sec.

L’avenir du secteur hôtellerie en Tunisie

La relance de l’année 2017 poursuit son cours pour l’année 2018. Certes, avec la hausse de la recette de 32 % sur les cinq premiers mois de l’année dernière, il y a de quoi à réjouir le ministre du Tourisme. D’autant plus que cette locomotive de l’économie fournit 500 000 emplois, soit 7 % du PIB. Ce chiffre est obtenu grâce aux différentes publicités pour faire connaitre la Tunisie. Le gouvernement a même pensé à l’affichage dans les rues de Moscou pendant la Coupe du monde. L’Office national du Tourisme produit aussi des vidéos qui permettent de lancer l’activité touristique tunisienne. Le pays a d’ailleurs décerné le prix de la meilleure vidéo de tourisme africain en 2017.

Concernant la provenance des touristes venant dans le pays, 45 % sont des Français, 42 % environ des Allemands et le reste des Algériens, des Chinois et des Russes. Pour la saison d’été de l’année dernière par exemple, tous les hôtels de Djerba, de Hammamet, de Sousse et de Mahdia sont réservés.

Les mesures de sécurité prises par les hôteliers (installation de portique et de caméras de surveillance) dans les établissements et présence des policiers à proximité des sites touristiques ont porté leurs fruits. Notons qu’il y a encore quelque 150 hôtels fermés à la suite de problèmes de non-recouvrement de crédit dans le pays. Le gouvernement devrait chercher des moyens pour remettre en exploitation ces hôtels. Les autorités doivent aussi penser à une meilleure cohérence des tarifs des hôtels pendant toutes les saisons car les tarifs en haute saison peuvent atteindre 4 à 5 fois de ceux pratiqués en baisse saison. Cela est dû à la durée trop courte de la haute saison alors que les établissements doivent gérer leurs charges.

Mais si la reprise de l’activité du secteur touristique tunisien est en bonne voie pour les hôtels étoilés, les maisons d’hôtes ne connaissent pas une telle amélioration. Ces établissements sont au nombre de 200 à 300 dans le pays. Si leurs clients étaient avant 2015 à majorité étrangers, actuellement, ils sont des locaux. Ils doivent ainsi adapter leur offre en fonction de ces clients en baissant le prix de la nuitée et en optimisant la publicité locale. Ils comptent sur l’ouverture du ciel tunisien pour apporter plus de clients internationaux avec les billets d’avion moins chers.

Bref, à l’heure actuelle où l’on parle de tourisme durable et intelligent en Tunisie et d’une croissance de recettes touristiques, le pays n’est pas encore complètement sorti du tunnel de l’instabilité politique de 2011 et des attentats de 2015. Les autres problèmes comme l’inadéquation de l’offre par rapport aux attentes des clients européens, la mauvaise infrastructure routière, l’endettement des hôteliers, le tourisme bon marché, la qualité de services…demeurent des défis majeurs pour ce secteur.

 

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