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Le mois de ramadan et l’employé modèle en Tunisie



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Pour cette année 2019, le mois du ramadan ou le mois du jeûne débute le 6 mai et se termine le 4 juin prochain. Pendant ce mois important où la commémoration de plusieurs événements de l’histoire de l’Islam prend lieu, les musulmans ne doivent pas prendre un repas, une boisson ni avoir de rapport sexuel dès l’aube jusqu’au soleil. Ils sont aussi appelés à réfléchir sur leur conviction religieuse et sur les qualités comme la patience, l’humilité etc. Il n’existe pas d’encadrement législatif de la pratique de jeûne en Tunisie ni ailleurs. Pourtant, il y avait le cas des personnes jetées en prison pour transgression publique du ramadan dans le pays. Or, le fait de ne pas manger ni boire impacte sur la productivité au travail et au quotidien. Décryptage.

Rendement au mois de Ramadan en Tunisie

Pendant cette période sacrée pour les musulmans, les cafés doivent être fermés mais l’autorité tunisienne autorise certains à ouvrir leur porte s’ils sont ouverts discrètement. C’est la minorité qui ne pratique pas le jeûne et qui met des papiers journaux sur leurs vitrines afin de ne pas attirer l’attention sur les clients qui sirotent tranquillement le café dans leur boutique. En revanche, il est complètement interdit de manger, boire ou fumer en public dès lever du soleil jusqu’au coucher du soleil pendant ce mois. La violation de cette loi entraîne l’emprisonnement pour les non-jeûneurs.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas cacher que le rendement est en baisse pendant ce mois. Les travailleurs arrivent en retard au boulot et ressortent avant l’heure. De plus, leur capacité de concentration est affectée du fait de la diminution du taux de glycémie et de l’arrêt de la consommation de tabac et de caféine.

Une telle situation impacte évidemment sur le rendement des entreprises. Pour le secteur privé, les entreprises peuvent réorganiser leur temps de travail, ce qui n’est pas le cas pour le secteur public. En effet, certains fonctionnaires optent tout simplement pour l’absentéisme pendant ce mois. Les absences sans motifs justificatifs atteignent le taux de 10 % à 18 % dans certains ministères. Les collectivités locales et les établissements publics détiennent le taux d’absentéisme le plus élevé frôlant 40 %. Pourtant l’administration publique tunisienne souffre déjà de régression de productivité. Et ce caractère d’obligation de jeûne entraîne incontestablement encore un ralentissement du rendement et du bon fonctionnement de l’économie nationale avec les absences non justifiées, les retards au travail etc.

Ramadan et travail ailleurs !

A Danemark, pour éviter la baisse de production sur l’économie danoise à cause de pratique de ramadan, le ministre à l’immigration et l’intégration a conseillé les musulmans de prendre de congé pendant ce mois saint. L’encadrement juridique n’existe pas aussi en France. Or, 70 % des travailleurs musulmans en France se déclarent prêts à observer ce mois saint.

Rappelons que selon l’enquête réalisée par l’IFOP en 2008, l’aménagement d’horaires des entreprises pour le ramadan ne concerne que 26 %. Parmi eux, on peut citer le cas d’EDF qui a instauré des critères permettant de gérer les salariés en fonction de leur religion.Le reste se débatte avec le problème du refus d’aménagement d’horaires pour discrimination ou racisme. Les dirigeants auront ainsi à justifier de leur décision. Or, le problème c’est qu’ils ne peuvent pas adapter un contrat de travail selon la religion. Cela semble aussi une pratique discriminatoire, vis-à-vis du salarié mais aussi envers les autres employés. Le contrat de travail s’applique pour tout le monde en toute neutralité. En introduisant une possibilité d’absentéisme pendant le mois de ramadan, ce sera aussi une forme de discrimination positive qui constitue aussi une violation de la loi.

Concernant justement l’effet du jeûne sur une personne, le régime alimentaire et hydrique en déséquilibre entraîne la fatigue, même si le travailleur prend un repas avant le lever du soleil vers 3 h à 4 h du matin et après le lever du soleil vers 21 h du soir. Cette habitude alimentaire déstabilise aussi le fonctionnement de ses appareils digestifs tout en perturbant son sommeil.Et il ne lui est pas facile de récupérer ses forces au fur et à mesure que les jours de jeûne avancent.En revanche, s’il arrive à jeûner complètement, le jeûne déclenche le processus d’autoguérison tout en purifiant le corps du jeûneur de toutes impuretés. Cela permet aussi le rajeunissement de son organisme.

Dans le cas d’un jeûne strict, les conséquences peuvent être catastrophiques s’il travaille dans le secteur du transport où l’endurance, le bon réflexe et la bonne santé sont requis. Les ouvriers qui travaillent sur des hauteurs comme les charpentiers ne sont pas aussi épargnés. Les moments d’étourdissements et de baisse d’attention et de tonus ne sont pas inexistants à cause du rythme cassé du sommeil et de l’alimentation.Et cela pourrait mettre en danger la vie des autres si ce n’est pas sa propre vie.

De son côté, l’employeur, pour éviter d’être accusé de raciste préfère ne pas dramatiser la situation en cas d’accident. Or, il est le premier concerné car si l’employé qui n’a pas bénéficié d’un aménagement d’horaires a un malaise, il peut être accusé pour avoir manqué à son obligation de sécurité et de respect de santé de ses salariés.Le relâchement au travail causé par la baisse de vigilance du jeûneur peut aussi entraîner une dépréciation de la qualité du travail ou un manquement à une fonction pour laquelle le salarié a été recruté. Or, la perte de clients et la diminution de la productivité sont autant de risques pour l’entreprise.

Notons toutefois que l’employeur a le droit d’envoyer le salarié à son médecin traitant s’il trouve que ce dernier affiche un très faible rendement au travail. Dans ce cas, le professionnel de santé peut délivrer un certificat d’inaptitude au travail. Du fait qu’il s’agit d’un jeûne de par la propre volonté du salarié, l’employeur peut de se dégager de sa responsabilité. Proposer la même égalité de traitement pour tous les salariés quelle que soit leur appartenance religieuse permet ainsi d’éviter les dérives. Seulement, comme nous l’avons vu, ce manque d’accommodement présente aussi un risque pour l’employeur.

Comment rester productif au mois du ramadan ?

Pour les pratiquants jeûneurs qui arrivent à tenir le coup, ils s’alimentent le matin avant l’aube et après le coucher du soleil. Certains sont habitués à ce rythme et ne souffrent d’aucun problème d’étourdissement ou de malaise.Leur secret réside dans une bonne planification de leur to-dolist. Dans tous les cas, ils ont banni les boissons excitantes de leur menu de soir et mangent un repas riche en protéines avant le lever du soleil. Ils exécutent aussi dans la mesure du possible dans la matinée le travail nécessitant un effort de concentration ou nécessitant des efforts physiques.

 Concernant la vie en entreprise, certains employeurs acceptent la pose de demande de congés ou la demande d’une demi-journée du moment que cela ne dérange pas la bonne organisation du travail. De cette façon, l’employé est plus productif pendant le court temps de travail que pendant les 8 h ouvrables chaque jour. D’autres plus compréhensifs adoptent aussi la répartition des tâches lourdes et l’octroi d’un temps de pause pendant la journée. Enfin,les dirigeants d’entreprises peuvent également profiter du ramadan pour mettre en place des ateliers de gestion de stress et des ateliers de team building afin d’améliorer la motivation de tous les salariés.

 

 

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