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L’emploi des femmes en Tunisie



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Le taux global des femmes tunisiennes actives affiche une hausse au fil des trois dernières décennies. Et ce malgré la conciliation difficile du rôle de l’épouse et mère avec la vie professionnelle. Les raisons de cette hausse sont nombreuses en commençant par le souci d’améliorer les revenus de la famille, l’envie de pratiquer ce qu’elles ont appris dans leur cursus scolaire, jusqu’à la recherche d’une indépendance financière. Ainsi, pour pouvoir travailler à temps plein, bon nombre d’entre elles décident de réduire le nombre de leur descendance. Certaines femmes diplômées qui n’arrivent pas à jongler entre la carrière professionnelle et l’éducation des enfants préfèrent, quant à elles, renoncer tout simplement à l’activité extérieure et se consacrer à l’action éducative de ses enfants. Pour ces femmes, le fait de déposer leur enfant à la crèche ou les envoyer à leur grand-mère n’est pas favorable pour le développement sur la capacité d’apprentissage et la conduite de l‘enfant.

Depuis ces derniers temps, les rôles des femmes urbaines tunisiennes ne se limitent plus aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants. Si auparavant, on pensait qu’il est difficile pour une femme d’arranger famille et travail, on remarque que maintenant le taux des femmes mariées dans la population active est plus significatif que la gent féminine non mariée qui ne travaille pas. Certes, après la naissance, certaines préfèrent s’arrêter de travailler pour se mobiliser davantage dans leur rôle de mère. Mais elles ne sont pas nombreuses.

Ainsi, pour qu’elles puissent continuer à travailler après la naissance, les couples se répartissent les tâches ménagères. A titre d’exemple, si le temps de travail et les ressources du père sont inférieurs à ceux de la mère, il doit consacrer plus du temps dans les tâches domestiques et à l’éducation des enfants. Dans ce contexte, toutefois, les enfants à bas âges des femmes actives affichent un certain retard scolaire et peuvent avoir des problèmes relationnels à l’école ou des mauvais comportements à cause de l’absence régulière de la mère dans le foyer. En revanche, s’il y a des enfants plus âgés qui peuvent partager l’éducation et les soins des plus jeunes avec l’implication du père, les impacts négatifs du travail de la femme sont réduits.

Pour les filles qui partent travailler en attendant qu’elles se marient, elles font ce choix parce qu’elles ne reçoivent pas d’argent de poche de leurs parents alors que ces derniers en donnent aux hommes chômeurs. Afin de fuir la pauvreté, la fragilité économique et la discrimination, elles préfèrent ainsi gagner leur vie. Par ailleurs, plus de 50 % de sexe féminin exercent un emploi qui n’a rien à voir avec leur formation initiale. Ce qui explique la baisse de chômage chez la gent féminine car elles acceptent les faibles salaires compris entre 150 et 200 dinars et les conditions précaires de SIVP, CRVA, SVA… Et ce dans l’espoir d’avoir un emploi stable un jour et d’avoir une hausse de rémunération. Rappelons que le taux de chômage des femmes varie d’une région à une autre mais le nombre des femmes diplômées en chômage est encore élevé dans la plupart des régions.

Toutefois, les conditions de travail des ouvrières agricoles dans les campagnes ne sont pas meilleures que celles des employées en ville. L’accident mortel de Sidi Bouzizqui a coûté la mort de 12 ouvrières agricoles cette fin de mois d’avril 2019 le prouve. Ces femmes se lèvent à l’aube pour aller dans la ferme, elles sont entassées dans une camionnette sans fermeture.Un coup de freinage violent ou un accident de ce véhicule non adapté pourrait les projeter en dehors du camion ou les tuer sur le coup. Et ce phénomène ne date pas d’hier car l’année dernière on recense également 85 blessées et 6 blessées contre 8 décès et plus de 80 blessés l’année 2015.

Le premier risque pour les femmes qui travaillent c’est qu’elles ne disposent pas du temps pour s’occuper de leurs enfants. Or, si ces derniers tombent malades, les pères ne s’en chargent pas habituellement. Les rôles du père sont presque limités aux pratiques sportives et quelquefois à l’éducation culturelle sauf dans le cas où le couple a tous deux accédé à une éducation supérieure. Dans ce cas, le père pourrait participer aux soins de ses enfants.

Elles risquent également les discriminations de toutes sortes, à commencer par le salaire différent pour un même travail entre un homme et une femme, les mentalités sociales ou culture de patriarche en conflit avec les droits sociaux, …Les femmes ont en effet, l’image d’une personne confinée dans l’espace domestique plutôt qu’à l’espace public.

Quoi qu’il en soit, la précarité économique de la population féminine est un problème de plus en plus visible dans notre société. Pour éviter la pauvreté et d’autres phénomènes sociaux, elles sont ainsi nombreuses à rejoindre le marché du travail. Selon les statistiques fournis par l’INS,pour le quatrième trimestre de l’année dernières, le taux de chômage est de 12,5 % pour les hommes contre 22,9 % pour la gent féminine. Mais pour l’année 2017, 88 femmes ont signé des contrats CIDES contre 16 pour les hommes. De même, le nombre des femmes recrutés dans le CAIPet le SVIP est le double comparé aux hommes.

Les chiffres ont montré également que 130 femmes ont un contrat d’insertion dans la vie active pour l’année 2017 contre 30 pour les hommes. Quant aux femmes bénéficiaires de SVA, leur nombre est quatre fois supérieur aux hommes ayant obtenu ce contrat.

L’étude de l’INS a aussi dévoilé que les intégrations professionnelles de ces dernières années concernent le secteur de services et le secteur public. Entre 2011 et 2015 par exemple, le secteur de services a fourni 159 000 postes et 69 000 emplois dans le secteur de l’éducation et des services administratifs.

Contrairement à ce qu’on pense, le taux d’activité de la gent féminine tunisienne est très bas par rapport au reste du monde.Or, le droit à l’emploi des femmes constitue un facteur important dans le développement économique du pays. De plus, l’emploi de la population active féminine tunisienne se concentre essentiellement dans les industries de manufacture et de service et l’agriculture. Les diplômées et les artisans qui souhaitent créer des projets auront à faire face au manque de financement.

 En effet, dans le secteur d’entrepreneuriat, les fonds sont généralement octroyés pour les hommes et donnés par les hommes, selon les dires de l’hollandaise, la directrice de The Next Women Tunisie. Or l’inégalité dans les rémunérations au travail pousse les femmes à se lancer dans les projets. Justement pour lutter contre cette inégalité sociale, la ministre Néziha Laabidi a décidé l’année dernière d’octroyer des crédits à zéro intérêt aux femmes de tous les âges, sans considération de leur diplôme. Le montant de ce crédit est compris entre 10 000 à 100 000 dinars tunisiens. EndaTamweel accompagne aussi les entrepreneurs femmes ou hommes à travers le financement des projets de services digitaux dans le pays.

Enfin, pour en revenir aux ouvrières agricoles victimes des accidents routiers, des mesures doivent être prises concernant leurs conditions de travail ainsi que les contrôles de la circulation routière des camionnettes qui les transportent.

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