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La toile une arme à double tranchant en Tunisie



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La Tunisie figure en tête des pays de l’Afrique du nord les plus en avance dans l’utilisation de l’internet mobile. L’enquête publiée par l’INS a révélé en effet que 47,1 % des ménages tunisiens disposent d’ordinateurs et 44,5 % sont équipés d’une connexion à l’internet en 2017.Dans de nombreux pays, la toile n’est pas uniquement utilisée pour les médias sociaux, elle sert aussi à des fins politiques pour réprimer la population ou pour faire tomber le régime en place. Elle est aussi utilisée pour dérober les codes d’accès de compte bancaire avec la création des virus informatiques ou pour faire des opérations de chantage. Zoom sur l’évolution de l’internet en Tunisie et les lois contre la cybercriminalité.

Le pays possède des acteurs numériques de poids qui créent des applications, des logiciels, des jeux vidéo, des objets connectés pour les clients européens et ceux du Moyen Orient. Ces services sont assurés par les ingénieurs du TIC qui travaillent dans les entreprises offshore ou structures en partenariat entre une entreprise tunisienne et une entreprise étrangère.

Mais les talents tunisiens ne sont pas uniquement composés des ingénieurs. Le pays produit aussi des jeunes prodiges dans l’informatique et la programmation à savoir le jeune Bilal Ben Ali âgé de 16 ans qui atteint le pinacle mondial dans la création de logiciels informatiques. En effet, cet étudiant en deuxième année en informatique a remporté le premier prix de « World champion Hackton », un concours organisé aux Etats-Unis qui a réuni des nombreux informaticiens et développeurs de logiciels chinois, japonais, indiens… Le concours organisé aux USA consistait à chercher des solutions à des problèmes de logiciels et à concevoir un nouveau soft dans l’espace de 8 heures. Le jeune Bilal Ben Ali se démarque également dans le concours mondial de « hackton »organisé à Tokyo. Ce concours a vu la participation de 500 jeunes du monde entier. Celui-ci se porte également sur la recherche des solutions à des problèmes logiciels et la création d’un nouveau logiciel en moins de 24 h. Bilal Ali a réussi à remporter le deuxième prix en parvenant à développer un logiciel d’extraction en ligne tout en intégrant la monnaie électronique au quotidien. Par ailleurs, Nader Jemel, un élève de 14 ans a aussi remporté une médaille de bronze aux Olympiades internationales d’informatique au Japon pendant le mois de septembre 2018. Cette prestigieuse compétition scientifique a vu la participation de 4 tunisiens.

Rappelons cependant que la toile n’est pas uniquement utilisée pour de finalité du développement de logiciels informatiques. Dans les pays arabes, les dirigeants utilisent aussi les réseaux du Net pour consolider leur pouvoir ou pour se servir contre les militants. On se souvient encore du « printemps arabe » qui a fait déboulonner le président Ben Ali. La Chine craignant la contagion de ce phénomène de soulèvement populaire a d’ailleurs renforcé le contrôle de l’internet. Le régime Lybien et égyptien utilisent aussi ce moyen dans la répression du mouvement populaire. Mais le blocage de l’accès internet n’a pas empêché les opposants égyptiens dans le déboulonnage du règne du président Housni Moubarak. Partout dans le monde, on recense aussi de disparition des cybermilitants et des activistes présents sur la toile qui ont amené la population au soulèvement. Outre l’utilisation de l’internet à des fins politiques, la toile est également utilisée à des fins criminelles à travers les attaques des réseaux, les campagnes de spam…

La toile véhicule une quantité immense d’informations économiques ou personnelles. Or, les cybercriminels se servent des réseaux informatiques pour pirater les données des utilisateurs et des structures ou pour faire des opérations de chantage. Selon l’étude menée par l’Union internationale des communications, la Tunisie est classée à la 27ème place sur les 60 pays étudiés en matière de cyber sécurité. Les critères pris en compte dans cette évaluation des niveaux de cyber sécurité sont le nombre des attaques provoquant des pertes de données financières dues aux logiciels malveillants, le pourcentage des ordinateurs et téléphones victimes d’une attaque des logiciels malveillants, le pourcentage d’attaque par des mineurs de cryptomanie, le cadre légal sur lacyber sécurité….Dans ce classement, la Tunisie devance d’autres pays arabes comme le Maroc, l’Algérie, l’Egypte… en termes de sécurité informatique. Ces autres pays sont classés à la 25 ème place, à la vingtième place et à la première place. Celui qui est classé à la soixantaine place (le Japon) dispose du système de cyber sécurité le plus performant. La France, le Canada, les Etats-Unis se classent aussi dans la catégorie des pays performants en matière de sécurité sur les réseaux.

Concernant la Tunisie, le pays a lancé le Cybersud, le projet de l’UE et de CE sur la cybercriminalité. L’objectif de ce projet d’une durée de 3 ans est de raffermir la législation en matière de crimes électroniques dans la région du sud de l’UE. Il mobilise un budget de 3,35 millions d’euros et touche la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, le Liban et la Jordanie.

Pour le moment, le parlement tunisien étudie encore la loi qui pénalise les crimes informatiques. Certes les lois 245 et 246 condamnent à 6 mois de prison et d’amendes ceux qui se rendent coupables de diffamation mais la protection de la vie privée des usagers des réseaux sociaux ne relève pas encore du champ d’action de l’instance. En effet, on voit des mercenaires des réseaux sociaux qui usurpent de l’identité, qui utilisent ces technologies pour mener des campagnes de dénigrement ou de l’intox. Or, ils restent impunis. Il y a aussi des actes de dévoilement des données personnelles de la vie privée d’une personne, les calomnies et mensonges avec usage de faux sur les médias sociaux. L’instance ne peut pas punir ces personnes ni contrôler d’ailleurs les flux des informations dans les réseaux sociaux sur les personnalités publiques. En revanche, elle peut entériner une loi contre la cybercriminalité et pour le respect de la confidentialité des données. La Tunisie est d’ailleurs invitée par le Conseil de l’Europe à faire partie des membres de la convention de Budapest sur la cybercriminalité. Cette convention adoptée en 2011 est le premier traité international qui traite les crimes sur la toile, y compris la pornographie des enfants.

Pour lutter contre ce phénomène de cybercriminalité, le ministre de l’intérieur adopte des stratégies comme le suivi des administrateurs de page Facebook qui incitent au Djihad, le suivi des comptes électroniques suspects et l’application des articles de la loi sur le terrorisme et le blanchiment d’argent. Il améliore aussi les échanges d’informations avec les services de renseignements étrangers sur la cybercriminalité afin d’identifier plus aisément les terroristes utilisant la toile. Le ministre de l’intérieur collabore également avec le ministre de l’information et des technologies afin de révéler l’identité des personnes suspectés d’être impliqués dans des actes terroristes qui utilisent les cartes SIM. Les organisateurs des crimes sur internet utilisent notamment des logiciels de contrôle de l’Open source qui leur permettent de diffuser des informations sans traces. Ces terroristes financent leurs actes à travers les fonds sous formes de dons et les mandats postaux ou transferts bancaires. Notons enfin qu’un projet de loi relatif aux crimes informatiques sera soumis à l’Assemblée des Représentants du peuple. Ce cadre législatif permet l’adhésion de la Tunisie à la Convention de Budapest sur la criminalité.

 

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