Préoccupés par l’avenir et étouffés par la peur de devoir faire partie des chômeurs diplômés du pays, beaucoup de jeunes Tunisiens rêvent de quitter la Tunisie. D’autres pensent aussi qu’à l’étranger, il y a plus d’opportunités de s’enrichir que dans le pays. Ainsi, depuis la Révolution, on compte pas moins de 13 % de la population tunisienne, soit 1,5 million environ à l’étranger (y compris ceux sans papier). Ces chiffres sont basés sur l’estimation des statistiques consulaires de l’année 2015 et les vagues migratoires en France et en Italie. Pour l’Etat, le défi c’est de trouver les moyens d’atténuer le flux des migrants à travers la formation professionnelle et de faire participer les tunisiens à l’étranger dans la croissance économique du pays.
Selon le chiffre donné par l’observatoire national de la migration (ONM) en Tunisie, la population tunisienne s’élève à plus de 11 444 000 habitants en 2017. Les résidents à l’étranger, quant à eux sont au nombre de 1 424 386 personnes. A cela s’ajoutent les sans-papiers et les ressortissants non enregistrés comme les enfants des parents mixtes etc. L’effectif de ces derniers peut atteindredans les environs de 90 000 personnesen France et à Italie depuis 2011. La France tient le premier rang en nombre de TRE avec un chiffre de 800 000 immigrants. L’Italie et l’Allemagnela suivent avec 240 000 et 120 000 émigrés. Les TRE en Belgique et au Canada sont quant à eux au nombre de 30 000. La majorité des expatriés dans les pays de l’Union Européenne sont des jeunes de moins de 35 ans. Il y également ceux dans les Emirats Arabes Unis, de Qatar avec29 000 contre 27 000 immigrés, pour ne citer qu’eux.
Le phénomène de migration de cerveaux touche notamment le secteur de médecine, la formation professionnelle et l’ingénierie. Ce n’est pas uniquement l’affaire de l’Etat. Le secteur civil et le secteur privé ont aussi leur rôle à jouer dans ce fléau. Pour soigner ce mal qui ronge le pays, il convient de revoir les conditions de travail des médecins dans les hôpitaux ainsi que l’augmentation des salaires du personnel médical et paramédical. En effet, plusieurs hôpitaux dans les gouvernorats manquent d’équipement médical et certains sont même en mauvais état. Il y a également la surcharge de travail pour les internes et les étudiants et le manque de motivation.De leur côté, on sait également que les ingénieurs tunisiens sont demandés par les pays Européens et les Etats-Unis d’Amérique, surtout les spécialistes en informatique. Le moyen permettant de les retenir dans le pays consiste à améliorer leurs conditions salariales et augmenter les opportunités d’emplois dans le pays. Pour les enseignants universitaires, il faut aussi chercher une solution avec l’amélioration de leur rémunération et leur carrière. Quant aux autres migrants non diplômés, certains décident de quitter le pays car ils ont des problèmes de liberté de culture. D’autres pensent trouver des meilleures opportunités à l’étranger.
Les expatriés Tunisiens ont l’habitude de retourner au pays pendant la période estivale. Bon nombre de familles Tunisiennes ont d’ailleurs un membre à l’étranger. Ils ne sont pas tous des expatriés ayant une bonne situation. La communauté tunisienne en France est en effet composée de retraités, de membre d’une famille modeste qui ne dispose pas de bonnes ressources. D’autres sont également confrontés avec des problèmes financiers dus à la souscription à un prêt immobilier pour accéder à l’achat d’un bien immobilier en France.La situation du pays d’accueil a également changé depuis ces dernières années. Malgré cela, ils souhaitent prendre leurs vacances d’été au pays afin de revoir leurs familles ou afin de gérer leur patrimoine. Mais avec le coût actuel de la Tunisair et de la CTN, ils ne peuvent pas se permettre de rentrer au pays. Pour l’info, la Tunisair est obligée d’afficher des prix élevés à cause des difficultés financières qu’elle aurait à régler. En effet, le tarif de la Tunisair pour deux heures de vol est compris entre 550 et 750 euros pour l’aller-retour. Un coût prohibitif comparé aux revenus mensuels des immigrés dont la plupart ne perçoivent pas plus de 1500 euros et qui doivent aussi assumer la charge de leurs familles. En plus de ce tarif exorbitant, cette compagnie aérienne ne propose pas non plus de services satisfaisant avec ses retards ou annulations de vol, l’accueil insatisfaisant à l’aéroport. La CTN ne fait pas aussi mieux avec le tarif qu’elle applique.Tout cela ne constitue pas un encouragement pour les expatriés à passer les vacances au pays.
Rappelons que le bureau tunisien de l’immigration et de la main-d’œuvre étrangère n’accorde que 6 000 permissions de travail environ par an. Ce sont notamment les compétences qui peuvent apporter de valeur ajoutée à l’économie et à la promotion des produits Tunisiens qui bénéficient de ces permissions.
Or, la diaspora tunisienne joue un rôle non négligeable dans l’économie tunisienne avec leur envoi d’argent qui contribue à hauteur de 2 milliards de dollars, soit 5 % du PIB du pays. Pendant leur vacances d’été au pays, elle fait aussi des dépenses avec les restaurants, les sorties à la plage, l’aide de leurs familles etc. Ces dépenses peuvent atteindre de milliers d’euros pour une famille ayant une situation financière moyenne sans compter le frais du billet aller-retour. Ainsi, pour passer leur vacance estivale au pays,un couple avecdeux enfants doivent ainsi mettre de côté au moins 7 000 euros pour les billets d’avion et les dépenses.Et s’ils préfèrent faire une traversée en ferry, le coût est de 2 250 euros sans compter les frais de chambre d’hôtel, le repas dans le ferry…De plus, au programme, il n’y a que les traversées début de juin et fin de septembre depuis le port de Marseilles au port de Zarzis. L’Etat devrait ainsi chercher une solution pour résoudre ce problème des expatriés afin de faire revenir ces immigrants dans le pays pendant les vacances d’été.
A l’ARP, la Commission des affaires des Tunisiens à l’étranger ont débattu la possibilité d’ouverture de compte d’épargne et de compte devises au profit de la communauté des tunisiens à l’étranger. Elle a aussi débattu la création d’un fonds d’investissement pour le financement de projet de communauté tunisienne à l’étranger. La commission a proposé la possibilité d’ouverture de comptes d’épargne en devises et le transfert en économies en devises aux banques locales avec une hausse du taux d’intérêt à 3 ou à 4 %. La séance de travail a souligné aussi l’importance des campagnes de sensibilisation et d’information sur les mesures prises par l’Agence foncière de l’habitation (AFH). Ces mesures consistent à consacrer 5 lots individuels aux Tunisiens qui résident à l’étranger et à appliquer cette procédure aux lots collectifs. La possibilité des Tunisiens de payer les frais de douane par le biais de leur carte bancaire en Tunisie est aussi au cœur du débat de la commission des affaires des Tunisiens.Tout cela est étudié pendant la séance du travail du 20 mai 2019 dans le but d’améliorer la situation des expatriés tunisiens et les encourager à investir dans le pays.