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Comment peut-on résumer la situation économique en Tunisie ?



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Les vulnérabilités de l’économie tunisienne post-révolution sont encore nombreuses. Outre la dépréciation persistante de la valeur du dinar par rapport à l’euro, le déficit du budget de l’Etat et la hausse de l’endettement public, les rapports des différents organismes internationaux indiquent aussi une croissance de l’inflation et le creusement du taux du chômage. Certes, certains des objectifs du gouvernement sont déjà atteints, mais le relance de la croissance n’est pas encore au bout du tunnel même si on avance. Le point sur la situation économique actuelle.

L’année 2011 marque le début d’une transition démocratique qui est censée apporter des améliorations au niveau de l’économie et de la vie sociale des tunisiens. Mais la situation économique est loin de satisfaire les attentes avec le constat de ralentissement de la croissance, la baisse des investissements, l’augmentation des inégalités entre les régions et du taux des chômeurs diplômés, la dégradation du dinar… Les indicateurs économiques révèlent aussi que pour renouer avec la croissance, la Tunisie doit encore fournir de nombreux efforts.

Soulignons d’abord que les investisseurs sont plus réticents à investir dans le pays depuis la révolution à cause de l’instabilité de la sécurité sociale et économique. Si les investissements dépassaient 23 % du PIB en 2011, le taux redescendait à 21,7 % en 2016. Les séries d’attentats de l’année 2015 se répercutent aussi sur la réduction des recettes de tourisme qui impacte à son tour sur la croissance économique. D’un autre côté, on enregistre également une baisse de valeur ajoutée des secteurs des hydrocarbures et de l’extraction des mines.

Mais la question de finances publiques reste particulièrement sensible car en 2010 le déficit budgétaire est de 1 % du PIB et l’endettement du secteur public estimé à 40.7 % du PIB alors qu’en 2016, le déficit budgétaire atteint 5,7 % du PIB contre 61.8 % du PIB pour la dette publique. Le déficit budgétaire se creuse à cause de la réduction des recettes fiscales dû à la baisse des investissements et au financement de salaires des fonctionnaires du secteur public et des biens d’équipement.La dette publique généralement en devises devient lourd à gérer pour le pays surtout avec le contexte de la dégradation du dinar qui fait exploser le coût de la dette. Remarquons au passage que l’épargne nationale est actuellement à 9,6 milliards de dinars contre 13,3 milliards de dinars l’année avant la révolution.

Concernant le commerce international, les exportations de biens et de services dans le PIB ont connu une régression ces dernières années alors que les chiffres indiquent une hausse des exportations de biens depuis 2010. Cette situation est causée par la croissance des marchés de l’huile d’olive et des exportations manufacturières. Côté importation, les chiffres révèlent aussi une augmentation des importations des biens de consommation et des biens alimentaires, un signe indicateur de l’état fragile de l’économie tunisienne.

Mais le taux de chômage reste aussi un élément faible de l’économie du pays. S’il atteint 18,3 % en 2011, il reste autour de 15 % en 2019, avec de fortes inégalités sociales dans plusieurs régions du pays. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont les plus affectés par ce fléau qui touche 30 % de ces jeunes sortants universitaires.

Tout cela se déroule dans un contexte où la valeur du dinar ne cesse de se dégrader par rapport à l’euro. Ce qui entraîne à son tour la hausse de l’inflation et la forte augmentation du coût de la vie. Sans oublier la menace terroriste qui pèse sur la société.

Face à l’urgence de la mise en place des actions efficaces pour assurer la transition économique, l’Etat a décidé d’élaborer le plan quinquennal 2016-2020 dans le but d’accélérer le rythme de croissance.Parmi les mesures prises pour attirer les capitaux étrangers, l’Etat aprévu des avantages fiscaux et la possibilité de rapatrier facilement les bénéfices pour les investisseurs étrangers dans le secteur privé. C’est une mesure efficace car l’un des facteurs qui altèrent la compétitivité du secteur économique est la lourdeur administrative. Le gouvernement Youssef Chahed a adopté aussi un plan de restructuration et d’assainissement de l’administration publique avec la possibilité de départ anticipé et de départ volontaire ainsi que la lutte contre la corruption administrative.Il mise également sur l’amélioration des services de douanes, la réforme fiscale, la restructuration des structures publiques, la réforme du système de financement de l’économie… Mais ces objectifs sont modestes comparés aux aspirations duchangement du peuple pour un véritable relance économique.

Les difficultés économiques affectent non seulement le secteur public mais aussi le secteur privé qui peine à recruter. Les problématiques du chômage restent toujours un défi à relever pour le gouvernement avec le taux de chômage frôlant 15 %, voire plus dans certains gouvernorats. Pour apaiser les chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur, l’Etat a décidé d’octroyerune aide financière, un minimum de revenu pour ces jeunes au nombre de 53 000 diplômés. Le gouvernement a aussi engagé des fonds de financement pour encourager ces jeunes à monter leur propre société. Ila également mis en place un projet de réforme de formation professionnelle en Tunisie. Mais le problème de chômage et d’inactivité est loin d’être résolu. En effet, il touche également 33,4 % des jeunes dans le milieu rural et un jeune tunisien sur cinq dans le milieu urbain. Très peu de ces jeunes ont terminé l’enseignement secondaire et ont abandonné l’école avant la fin de leur cycle secondaire. Cette situation les handicape dans la recherche des opportunités d’emploi. Le gouvernement tunisien doit encore donc faire face aux défis de l’accès de ces jeunes aux opportunités de travail dans toutes les régions du pays.

L’inflation impacte sur le pouvoir d’achat des tunisiens car pour l’année 2108, il a chuté de 3 % par rapport à l’année précédente selon le rapport d’un groupe du travail de la CNS. Alors qu’entre 2002 à 2011, le pouvoir d’achat affiche une amélioration de 20 %. Bien que ces statistiques attendent encore la validation de l’INS, tout le monde peut constater la dépréciation du dinar et l’inflation galopante qui frôle 7,4 % en 2018. L’INCa indiqué aussi que 73 % des Tunisiens dépensent annuellement 750 D à 4 500 D et le fonds de subventions des ménages à leurs besoins affiche une hausse de 117 % entre 2010 à 2018. Le responsable de l’ITES a quant à lui, déclaré que le nombre des Tunisiens pauvres atteint 1 million 700 milles et près de 60 % des familles tunisiennes souffrent de surendettement à cause des crédits bancaires. De plus, les prix des produits de consommation utiles au quotidien comme les cahiers, les légumes etc. affichent une augmentation allant jusqu’à plus de 250 %.Selon l’ITES, le meilleur moyen de maîtriser la hausse de l‘inflation consiste à œuvrer pour la promotion de l’investissement et l’amélioration de la valeur du dinar. Pour sa part, le directeur de l’INC a déclaré la nécessité de la mise en place de politique d’amélioration de la qualité des services de la santé, du transport et de l’éducation y compris le contrôle des circuits de distribution au niveau du marché du gros. Pour améliorer le pouvoir d’achat des Tunisiens, il faut aussi établir une politique de lutte contre le secteur informel et la contrebande et intensifier la concurrence pour faire baisser le prix des biens à la consommation.

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