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Reprise du tourisme en Tunisie



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L’activité touristique apporte une recette non négligeable au PIB de la Tunisie car elle a pu couvrir le déficit commercial à hauteur de 21,1 % en 2018. Elle est aussi source de création de 389 000 emplois directs et indirects. La décision du gouvernement de lever le confinement et de remettre en activité ce secteur à partir du 4 juin 2020 et d’ouvrir les frontières le 27 juin permet ainsi de minimiser les pertes. Ce plan de relance comporte des mesures de prévention de risques de coronavirus mais qui ont été jugées trop strictes ou pas assez par certains. Tour d’horizon sur les conditions de cette reprise de tourisme, les menaces qui planent sur ce secteur et l’utilité de la promotion du tourisme interne pour sauver la saison en Tunisie.

Quelques pays Européens ont commencé à ouvrir leurs frontières pour permettre à leur économie de redémarrer. La Tunisie ne veut pas être aussi sur le tard dans sa prise de décision d’autant plus que Tunisair souffre de difficultés financières lourdes et que le pays veut sauver la saison touristique cette année. Et de l’autre côté, l’impact de la crise sanitaire mondiale pourrait aussi perdre 6 milliards de dinars au secteur touristique Tunisien. Ainsi, la décision du gouvernement dans le communiqué du 12 juin 2020 indique l’ouverture des frontières commencera le 27 juin. Les Tunisiens résidant à l’étranger qui souhaitent venir au pays peuvent alors venir en Tunisie mais ils doivent rester chez eux pendant 2 semaines. Cette mesure remplace le confinement obligatoire pendant une semaine. Les touristes peuvent aussi venir au pays sans être obligés de passer par la quarantaine mais ils doivent être uniquement transportés en bus normalisé et ne pas quitter leur hôtel dans le cadre des excursions organisées. Les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) et les touristes doivent également présenter un résultat négatif de Covid datant de moins de 72 heures.

La fin du confinement a plu à beaucoup de Tunisiens mais le confinement de deux semaines des TRE et le transport en bus des touristes a soulevé des critiques. D’abord, rester confinés pendant 2 semaines chez eux pour la diaspora ne les incite pas à prendre les vacances au pays. Aussi, tous les touristes qui visitent la Tunisie n’ont pas organisé leur séjour auprès d’un tour opérateur. Il y en a des arabes et européens qui organisent tout seul leur séjour et qui ne prennent pas le bus touristique. Et l’on se demande aussi si ces exigences sanitaires vont aider dans la répression de la pandémie qui a fait actuellement 50 victimes et dans la relance du tourisme. En effet, un propriétaire d’une agence de voyage à Tunis a rapporté que jusqu’à maintenant il n’affiche aucun pic de réservation alors qu’à la même période au cours des années précédentes, les hôtels étaient au grand complet. Et ce même si des hôtels 4 et 5 étoiles affichent des tarifs promotionnels alléchants à partir de 44 dt la nuitée en demi-pension pour convaincre les touristes de venir. Les opérateurs dans ce secteur se tournent alors vers les touristes locaux pour sauver la saison. Mais même pour certains Tunisiens enquêtés, partir en vacances dans la situation sanitaire actuelle est du gâchis en raison de la peur de la contamination du covid-19. La baisse des revenus des ménages se répercute également dans leur budget pour les vacances. Pour d’autres, c’est le moment opportun pour profiter d’une vacance bien méritée lorsque les tarifs des hôtels sont au plus bas. Quoi qu’il en soit, Tunisiar express a déjà programmé deux vols par jour reliant Tunis Djerba et Djerba Tunis et deux vols par semaine reliant Tunis Tozeur et Tozeur Tunis afin de promouvoir le tourisme interne.

Le tourisme et l’artisanat figurent parmi les secteurs les plus touchés par cette crise sans précédant en Tunisie. Chez les artisans, le stock non vendu pendant ces mois de confinement pourrait atteindre plus de 40 millions de dinars. Ces professionnels ont arrêté totalement leur activité. Leur situation est d’autant plus difficile car la moitié de ces artisans pourraient perdre leur métier s’il n’y a aucune stratégie de relance. De leur côté, les professionnels du tourisme et de restauration ne cachent pas aussi leur inquiétude sur l’impact de la pandémie et une éventuelle seconde vague. De plus, l’enveloppe de 500 millions de dinars proposée aux sociétés structurées dans le secteur du tourisme et de l’artisanat ne touche qu’un certain nombre de structures. 50 millions de dinars de ce montant sont consacrés aux agences de voyages contre 10 millions de dinars pour les entreprises artisanales afin de payer les salaires de leurs salariés. Mais ceux travaillant à la pièce qui devront toucher 200 dinars au titre du chômage technique n’ont pas perçu ladite subvention.

Côté secteur touristique, la pandémie pourrait faire baisser de 60 % à 80 % l’arrivée de touristes dans les pays infectés selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et pourrait faire perdre des milliers d’emplois. Bon nombre de compagnies aériennes sont par exemple obligées de revoir leur effectif et de demander à leurs salariés de prendre des congés payés. Sans les plans de sauvetage mis en place par des nombreux gouvernements, des nombreuses compagnies aériennes ont déjà cessé leur activité. Et elles ne sont pas les seules victimes de la pandémie. L’industrie des croisières qui fait employer 1,7 millions de personnes se trouve également en panne à cause de fermeture de ports et l’arrêt temporaire des croisières. L’impact de la crise n’est pas uniquement élevé à court terme mais aussi à long terme sans une révision en profondeur de modèle d’affaire des industries touristiques.

Face à la concurrence rude et la crise actuelle de ce secteur, les professionnels devraient alors chercher le moyen d’attirer des touristes des pays de l’Europe centrale, de la Chine et de l’Amérique du nord et de promouvoir un produit d’appel différent de ceux proposés par les pays arabes sur les marchés européens.

La relance du tourisme interne reste un défi pour la Tunisie car il pourrait sauver la saison estivale. En effet, les hôtels ont toujours compté sur les touristes européens et arabes et sont même accusés de les avoir favorisés par rapport aux touristes tunisiens. On retrouve même des hôtels à Sousse et à Cap Bon qui préfèrent fermer leurs portes et causer la perte de centaines d’emplois au lieu de promouvoir le tourisme local. Or, le pouvoir d’achat des Tunisiens pourrait produire des bénéfices à ces structures. Par ailleurs, un membre de la Fédération Tunisienne de l’hôtellerie a indiqué que pendant l’année 2017, les Tunisiens qui passent des nuitées dans les hôtels ont augmenté de 20 %. Il est donc maintenant grand temps de considérer ce marché comme un créneau porteur et salvateur. Le développement de ce secteur du tourisme intérieur dépend de la promotion des agences spécialisées dans le tourisme intérieur et la gamme des offres proposées. Mais il est primordial aussi sensibiliser les Tunisiens sur l’importance de la réservation à l’avance. Toujours est-il que la levée de confinement devrait constituer un motif d’encouragement aux familles Tunisiennes pour prendre des vacances et aux touristes venant des pays étrangers de visiter le pays.

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