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La situation des PME en Tunisie



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Les petites et moyennes entreprises contribuent beaucoup dans la création d’emploi dans de nombreux pays. Ce secteur apporte aussi des projets innovants et des nouvelles opportunités pour les opérateurs économiques. Les PME jouent un rôle tout aussi important dans la croissance économique que ce soit dans un pays développé ou en voie de développement comme la Tunisie. Tour d’horizon sur les potentialités et les chiffres des PME dans le pays.

Commençons d’abord par la définition de cet acronyme car beaucoup ne savent pas encore faire la différence entre la catégorie PME et TPE. Les petites et moyennes entreprises désignent les entreprises ayant moins de 199 salariés. Ces structures sont les plus impliquées dans le développement de la croissance économique Tunisien. Elles représentent d’ailleurs plus de 90 % du tissu économique tunisien. Pour rappel, on compte environ 15 000 entreprises de taille moyenne et petite en Tunisie (6 à 199 salariés). Ce segment joue un rôle important pour les banques car il les permet d’accroître leur liquidité, leur portefeuille clients et leur part de marché.

Elles contribuent aussi donc dans la croissance économique du pays. Pour rappel, le PIB de la Tunisie est de 1 % en 2019 contre 2,5 % en 2018. Alors qu’en 2008, le PIB affiche 4,24 % contre 3,1 % en 2009. L’industrie manufacturière, l’agriculture et la pêche sont les secteurs de PME qui contribuaient le plus au PIB (24,4 % et 11,9 % du PIB). Or depuis ces dernières années, le pays affiche une croissance négative des industries manufacturières. Pour le second trimestre de l’année 2019, par exemple, l’IMS indique une croissance négative de -0,8 % de ce secteur. Le poids de ce secteur dans le PIB baisse significativement pendant les 10 dernières années. Quant à l’agriculture, ce secteur contribue à hauteur de 1,00 % du PIB en 2018 contre 1,42 % pour le secteur marchand.

Les problèmes rencontrés par les industries manufacturières sont notamment le recul de sa valeur ajoutée, la baisse de la production des hydrocarbures, le recul de la production du sel ainsi que l’absence d’une politique efficace d’extraction des phosphates.

Pour en revenir aux rôles des PME en Tunisie, ces entreprises peuvent favoriser aussi le développement de la classe moyenne et pauvre tunisienne à travers la création d‘emploi et la distribution de richesses. Partout dans le monde, les petites entreprises peuvent également apporter des effets de levier sur le marché de l’emploi. D’autant plus que le chômage est un phénomène qui ne cesse de s’aggraver. Ce secteur peut fournir des emplois stables proposant des revenus réguliers.

Ces structures permettent également aux sortants universitaires d’améliorer leurs possibilités de s’installer à leur compte ou de créer des emplois pérennes grâce aux aides pour les primo-créateurs d’entreprise et pour ceux qui reprennent les entreprises déjà existantes. L’avantage de la PME, c’est qu’elle peut aussi recruter de la main-d’œuvre qui ne dispose pas obligatoirement d’une spécialisation dans un domaine précis. Par exemple, le domaine d’agriculture et de la pêche emploie 22 % de la main-d’œuvre qui n’est pas forcément qualifié pour le travail. Ce qui le différencie des entreprises de grande taille qui ne recrutent pas souvent de main-d’œuvre. Leur besoin concerne notamment le recrutement des responsables en gestion, comptabilité, finance, formation, ressources humaines ou des ingénieurs dans les métiers du système d’ nformation.

L’avantage des PME en Tunisie, c’est qu’elles permettent également de réduire l’exode rural dans les zones d’arrière-pays grâce à la dispersion des entreprises au niveau national. En créant des entreprises dans les zones défavorisées et en améliorant les infrastructures et le développement de l’agriculture, les dynamiques migratoires vers les zones urbaines vont ralentir.

Les petites et moyennes entreprises contribuent ainsi au rééquilibrage régional à cause de leur implantation dans les régions de l’arrière-pays et les zones déshéritées.

Ce segment de l’économie est en face de grandes difficultés selon le point de presse de l’ATIC de l’année 2019. Celui-ci a indiqué que la moitié des PME tunisiennes ont des problèmes de ressources financières. Le chef de l’association a remarqué que ce problème n’est pas résolu, les petites et moyennes entreprises qui tiennent un pourcentage important dans l’économie du pays risquent de faire de licenciement. Il a ainsi interpellé le gouvernement sur le sauvetage de ces structures et la mise en place des plans de restructuration.

Notons que le capital investissement pour les PME atteint 2,7 milliards, soit 3 % environ du PIB du pays. Ce capital est conséquent comparé à celui des aux autres pays mais reste encore insuffisant par rapport aux pays Européens selon le chef de l’association ATIC. Pour aider ces entreprises à sortir de crises, le gouvernement a élaboré une stratégie industrielle et à chercher un bailleur de fonds qui pourra assurer le financement nécessaire pour la restructuration et la digitalisation des PME.

Mais coronavirus a ralenti la relance de ces entreprises prévue à partir du mois de janvier 2020. Tous les secteurs se trouvent dans l’immobilité totale tout comme les citoyens. D’ailleurs, une enquête réalisée par la banque mondiale et l’INS en juillet 2020 a montré l’impact de cette crise pour les entreprises. L’enquête effectuée pendant le mois de mai et de juin est faite auprès de 2 500 entreprises présentes dans différents secteurs stratégiques (dans l’exportation ou non). 44 % des entreprises sondées appartiennent au secteur du commerce, 18,4 % celui des services, 15 % dans le secteur du transport, 6,5 % des industries manufacturières, 5,9 % dans la restauration et l’hébergement, 2,8 % des entreprises de textile et de cuir, et 2,3 % dans le secteur de santé. 14,9 % de ces entreprises enquêtées sont dans la catégorie des PME, mais la majorité est constituée par des petites entreprises tandis que 5,9 % sont des grandes entreprises.

L’enquête a révélé que 24,5 % ont continué leur activité pendant le confinement et au 30 juin 91 % des entreprises exportatrices ont repris leur activité contre 86 % pour les non-exportatrices. La fermeture définitive quant à elle, touche 54,3 % des entreprises enquêtées.

Concernant le chiffre d’affaire, la baisse affecte 88,8 % des entreprises enquêtées, sauf 14,8 % qui relèvent du secteur pharmaceutique. Les entreprises exportatrices sont les plus fragilisées par la baisse de chiffre d’affaire (93,3%) contre 88,8 % pour les non-exportatrices. 69,8 % d’entre elles affichent aussi une baisse d’heures de travail.

Par ailleurs, la moitié des entreprises dans le secteur privé n’ont pas attribué des congés ou imposé de réduction de salaires pendant le confinement contre 11,5 % qui ont diminué le salaire et 4,3 % qui ont choisi de limiter les horaires. 4,5 %, sont quant à elles, obligées de licencier leurs salariés à cause de la fragilité de leur budget.

Notons que pour soutenir ces structures pendant la crise, le gouvernement a mis en place une panoplie de mesures comme l’exonération ou la réduction des impôts alors que beaucoup ont espéré un apport de liquidités. Les mesures d’appui ont fait bénéficier 48,8 % des grandes entreprises, 28 % des entreprises exportatrices, 23,6 % du secteur du bâtiment, et 9,4 % des entreprises non-exportatrices.

Enfin, pour pouvoir continuer leur activité, 12,5 % de ces entreprises ont choisi la digitalisation des services et le télétravail. Mais, malgré l’impact du Covid-19, 64,2% des entreprises enquêtées restent toujours optimistes et 58,8 % comptent même sur une croissance en matière d’investissement dans les mois à venir.

 

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