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La situation de l’emploi dans le secteur de l’industrie en Tunisie



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La croissance de l’industrielle tunisienne affiche une évolution appréciable pendant les 2 ou 3 dernières décennies due à l’impact de l’ouverture de l’économie au libre-échange avec l’Union européenne et à la prépondérance des entreprises offshore exportatrices. Ces dernières ont l’avantage de ne pas être durement affaiblies par l’épidémie mondiale. Mais les défis à relever pour secteur, c’est l’atténuation de l’inégalité de la croissance du tissu industriel, laquelle se concentre dans la capitale, le nord-est et le centre-est. Pour y voir de plus près, nous allons faire un petit tour d’horizon sur le secteur industriel Tunisien et la situation des travailleurs dans les industries dans cet article.

10 ou 9 ans après la révolution, beaucoup de chefs d’entreprises pensent que le tissu industriel tunisien est confronté à plusieurs défis. Citons entre autres le tâtonnement ou la lourdeur de l’administration, le cadre fiscal contraignant, les compétences inadaptées des ressources humaines, la fuite des cerveaux, la recherche des opportunités d’investissement… Or, la Tunisie a un atout non négligeable qu’est sa position stratégique dans la Méditerranée et sa population jeune et compétente. A titre d’info, on compte actuellement 2000 unités industrielles dans ce petit pays. La majorité de ces industries sont détenues par des capitaux tuniso-étrangers. La participation étrangère domine uniquement dans les industries mécaniques et électriques. Ces dernières affichent une baisse de la production de 1,9 % au cours de l’année dernière. Or, ce secteur présente des résultats performants dans l’exportation dû à la collaboration avec des entreprises allemandes. L’industrie de textile et de l’habillement et du cuir qui regroupe aussi un nombre important d’entreprises exportatrices tuniso-étrangers enregistre une décroissance de la production de -2,7 % pour l’année dernière. Les problématiques de ce secteur concernent entre autres les tarifs concurrentiels des pays asiatiques et la contrebande qui sévit dans certaines régions du pays. On relève aussi une baisse de la production industrielle dans les secteurs du raffinage de pétrole, les industries du travail de bois, du papier et du carton au cours de l’année 2019.

En revanche, le rapport de l’industrie chimique est plus encourageant avec une hausse de la production de 2,7 % pour l’année dernière malgré les arrêts de travail suite aux mouvements sociaux à Gafsa. Le secteur peut faire mieux car le pays possède des matières premières exploitables comme le phosphate.

Mais l’augmentation de la production la plus importante pour l’année 2019 est dans le secteur minier avec une hausse de 29,6 %, dans le secteur agro-alimentaire avec une augmentation de 4,3 %. Les industries de la production d’électricité n’est pas aussi en reste avec une croissance de production de 8,2 % contre 5,9 % pour les industries des matériaux de construction céramique et verre.

Notons que les industries manufacturières tunisiennes englobent les entreprises dans le secteur agricole et alimentaire, dans le secteur de matériaux de construction de la céramique et de verre, les industries mécaniques, métallurgiques et électriques, les industries chimiques, les industries textiles habillement et cuir et autres industries (bois et ameublement, scierie, industries de transformation de matières plastiques)….

Voilà pour les entreprises en difficulté et ceux qui se portent mieux à l’heure de la mondialisation et la mise à niveaux de différentes branches industrielles. Mais la production par travailleur dans les industries tunisiennes affiche aussi un recul de -1,0% pour l’année 2017 selon l’OIT. Or, la valeur de la production par travailleur dans le pays fait partie des plus faibles dans la région de la Méditerranée. Toutefois, elle dépasse celle du Maroc.

Concernant justement la situation de ces travailleurs, selon le sondage national sur les risques professionnels en Tunisie, 35 % des travailleurs dans les secteurs de l’industrie et des bâtiments sont confrontés à des risques de la manipulation des produits chimiques, 30 % doivent faire face à des nuisances sonores et 49 % ont un problème de contraintes visuels. 45 % d’entre eux travaillent sur écran comme guichetier, réceptionniste, ou employé dans le secteur de finances et d’assurance etc. L’âge moyen des personnes enquêtées est 38 ans. Presque la moitié de ces personnes souffrent aussi de mal de dos, tous sexes confondus et 90 % déclarent avoir des contraintes des articulations et de la posture. En outre, plus de la moitié des personnes enquêtées travaillent plus de 48 h par semaine tandis que 21 % font un travail de nuit. Ce sondage de CaRiPT entre dans le cadre d’un programme de jumelage entre la Tunisie et l’Union européenne. L’objectif de cette enquête est de renforcer les compétences de l’inspection médicale et la sécurité au travail.

Notons au passage que l’économie tunisienne est basée en grande partie sur le secteur privé. Un taux important des emplois industriels sont polarisés sur le Grand Tunis, le centre-est (Monastir et Sousse) et au nord-est ainsi que l’axe reliant Bizerte à Sfax. Les régions de Sidi Bouzid, Mednine, Tataouine et autres gouvernorats ne bénéficient que très peu d’implantations des industries manufacturières et ne génèrent donc que peu d’emplois pour les jeunes.

La situation des nombreuses entreprises tunisiennes est déjà alarmante avant la crise sanitaire car 50 % des PME ont des difficultés financières. Or, 95% du tissu économique du pays est constitué par ces petites entreprises. C’est la raison pour laquelle le ministère du financement cherche un bailleur de fonds qui aidera à restructurer et à digitaliser ces structures. Mais la propagation de la pandémie mondiale n’arrange pas aussi le sort des industries tunisiennes et du secteur touristique et des services. Beaucoup d’agences de voyages, d’hôtels et restaurants n’arrivent pas à assurer le paiement de salaire pendant la crise. Les pertes de ce secteur sont immenses (4 milliards de dinars) selon les autorités tunisiennes. A cela s’ajoutent la perte de quelques 400 000 emplois directs et indirects dans ce secteur. Et pour tous les autres secteurs de l’économie, la perte d’emplois est évaluée à 158 000 emplois.

Seules les entreprises digitalisées ont pu survivre et s’adapter à la nouvelle mode de production et de travail pendant le confinement. L’industrie pharmaceutique tunisienne continue aussi de fonctionner pendant la période de crise. La Tunisie possède des industries nationales et multinationales qui produisent des médicaments et font des exportations dans de nombreux pays. A titre d’exemple, pour pouvoir assurer la production, l’entreprise Consomed basée à Kairouan demandent à ses employés de produire des équipements médicaux pendant le travail de nuit et de dormir sur place. Ce rythme de production permet à l’entreprise de sauvegarder l’emploi et de ne pas fermer à cause des risques de contamination. En effet, les risques de la propagation de l’épidémie sont plus restreints dans un endroit où la circulation des personnes est limitée. L’entreprise a d’ailleurs déjà réduit son effectif de 150 à 125 personnes selon le directeur. Ces travailleurs produisent 100 000 caches-bouche chaque jour, si auparavant ils ne confectionnent que les trousses chirurgicales et les housses utilisés dans les hôpitaux. Ce nouveau programme ne déplaît pas aux employés car cela les préserve aussi de la contamination du coronavirus. A l’heure où le taux de chômage frôle 18 % de la population active, ceux qui ont un travail se félicitent d’avoir un gagne-pain.

Par ailleurs, pour améliorer la production d’énergie, l’ANME effectue une étude sur la faisabilité de l’intégration de la technologie Power to X dans le pays. Cette technologie consiste à reconvertir l’électricité en un autre vecteur énergétique. Cette transition énergétique vise à réduire la consommation de l’énergie primaire afin d’avoir une source d’énergie alternative pour les industries manufacturières et pour la population locale.

 

 

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